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Essaouira
la souriante
par Mostefa
BRAHIM
De
blanc, d'azur et de soleil, Essaouira la souriante, ville des enfants « dresseurs
de mouettes », est, à deux heures de Marrakech,
un havre de détente et de félicité.
Cajolée
en permanence par les alizés venus des îles Canaries, la « perle
de l'Atlantique » jouit d'un climat doux en toute saison et
semble admirer lascivement le chapelet des îles Purpurines qui
l'abritent des tourmentes de l'océan au loin.
Porte de l'Occident, l'ancienne Mogador fredonne du charme caché de
l'Orient et se targue de conjuguer, dans une délicate harmonie, tradition
et modernité. Jeune et dynamique, un brin cosmopolite, la « belle
Swira » ne ressemble décidément à aucune autre
du Royaume. Cette conurbation d'accueil et de fraternité abrite une
mosaïque de communautés branchées et n'a de cesse de fasciner
artistes, internautes ou musiciens, anonymes ou de renom tels les Rolling Stone,
Orson Welles ou la Callas en leur temps. Galeries d'art, cybercafés
et cafés littéraires essaiment çà et là dans
les méandres d'échoppes et autres bazars.
Le riad, un vestige
de paradis perdu
Cette
médina accorte où toutes les digressions sont permises éveille
la curiosité et invite à la flânerie. Par son
dédale de traboules étroites aux façades chaulées
et aux lourdes portes peintes de bleu pastel qui ouvrent souvent
sur des bouts de paradis cloîtrés, le « riad » :
un patio baigné de lumière ombragée, avec une
fontaine qui trône au mitan jonchée de pétales
de roses et des galeries autour, fleuries de dames-d'onze-heures à l'exhalaison
exaltante. Au cœur de la Casbah, le « Riad Al Madina »,
ancien palais du XVIIIe siècle, est ainsi une « oasis
de fraîcheur » qui attire les épicuriens
du monde entier, comme naguère, des stars telles Franck Zappa,
Jimmy Hendrix ou Cat Stevens.
La citadelle rouge de la Sqala
Du haut de la Sqala, une rangée de canons désuets, témoins
séculaires d'une époque de faste et de splendeur, semblent monter
le guet contre un hypothétique assaillant. Bribes de souvenirs de voyages
lointains et de conquêtes, la citadelle mire oisivement ses tours mordorées
dans le bleu de l'océan. Calme précaire à peine troublé par
le ballet sporadique des mouettes rieuses et des vagues de l'océan venues étaler
leurs flots d'écume aux pieds des remparts majestueux.
Plus loin, le port de pêche avec ses barques bleues crochées en
glane et ses grilleurs de sardines qui vous convient, pour quelques dirhams, à déguster
un délicieux homard ou une langoustine dans leurs cambuses de fortune.
A quelques pas de là, le musée d'art populaire consacre à la
musique andalouse une modeste collection d'instruments des trois confréries
de la cité, les Gnaoua, Aïssaoua et Hamdaoua. Une petite virée
par le « café de l'Horloge » ou les salons de
chez « Taros », et vous aurez fait le tour de cette délicate
station balnéaire. Car ici point de night-club ou de vie nocturne effrénée.
Seulement le bleu serein de la mer, le blanc éblouissant des habitations
et... l'or du thé à la menthe servi avec le sourire sympathique
des Souiris.
Le royaume des randonneurs
Passé l'instant de découverte de la ville, l'envie de s'évader
vers les grands espaces alentour vous prend. Le littoral offre une palette
de sites pittoresques colorés de bleu azur des rivages, d'ocre doré des
immenses plages désertes et de vert émeraude de la garrigue.
Le long des plages infinies, le bruissement des grains de sable sur les dunes
effleurées par le « Taros », vent bénéfique
venu du large. Une douce mélodie transpercée de temps à autre
par le cri moqueur d'un goéland.
Les
randonneurs et les amoureux de la nature et du plein air auront décelé là une
terre de prédilection pour vivre une aventure singulière.
Les marches sont faciles, présentent peu de dénivelés
et sont accessibles aux enfants. Le site est idéal pour se ressourcer,
face au silence et à la magie des horizons infinis. Sur les
sentiers, l'air doux et iodé embaume l'eucalyptus, le thuya
(bois précieux et parfumé employé en marqueterie)
et l'arganier, cet épineux providentiel, perchoir occasionnel
des chèvres acrobates. Jusqu'à ces villages berbères
tapis au fond des anses ou perchés sur les plateaux rocailleux
parsemés de cédraies odoriférantes.
La rando-thalasso
Après les longues promenades ou les folles virées sur l'eau - car
Essaouira est aussi le fief des surfeurs, véliplanchistes et autres « éoliens » -,
un cocktail de soins de thalassothérapie, pour recouvrer l'harmonie
du corps et de l'esprit, s'impose. Hydromassage percutant, douche à affusion
ou simple parcours aquatique en piscine d'eau de mer chauffée sont suivis
de massages relaxants. Des moments de détente à la résidence
balnéaire du « Sofitel Thalassa Mogador », lieu
de haut standing dédié au sybaritisme et au délassement,
dans un cadre intime et chaleureux. Et pour quelques dirhams de plus, on s'imprégnera
de l'atmosphère orientale du hammam berbère : le corps est
enduit de savon noir, gommé à l'aide d'un gant de crin spécial,
puis il est enveloppé de « rasoul » (argile pâteuse
aux vertus astringentes, adoucissantes et toniques), pour finalement être
longuement massé à l'huile d'argane.
Et après la volupté des soins, il est d'usage de sacrifier aux
délices du thé à la menthe. Authentique cérémonial,
symbole d'hospitalité et de convivialité, il est servi, tel l'hydromel,
avec des gestes amples et apprêtés maintes fois répétés.
La coutume veut qu'il infuse et qu'on le boive par trois fois : le premier
verre corsé comme la vie, le second doux comme l'amour et le dernier
suave comme la mort...
Décidément, l'exubérance de Marrakech, la rose rouge du
désert, n'a rien à envier à la sérénité d'Essaouira,
ce nénuphar blanc de l'Atlantique.
> Mostefa
BRAHIM |
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L'arganier,
petite graine de l'insertion sociale |
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Sur ce sol aride et rocailleux
du bas Atlas, l'arganier, cet épineux bicentenaire est
un arbre providentiel : d'abord parce qu'avec son enracinement
profond, il permet de lutter contre l'avancée du désert, également
parce qu'il possède des vertus curatives reconnues, enfin
parce qu'il fait vivre des femmes abandonnées et en grande
détresse sociale.
La coopérative féminine Amal (espoir
en arabe) de Tamanar emploie quelque deux cent cinquante
femmes seules, autour de deux objectifs : améliorer leur statut
socio-économique et préserver la forêt d'arganiers
en la valorisant au travers d'un processus de développement économique
durable. L'occasion pour ces femmes de tisser des liens entre les cultures
et de contribuer modestement à la construction d'un monde plus solidaire.
Pour ces femmes, produire l'huile d'arganier est tout un art: les amandons
de l'arganier sont d'abord dépulpés, concassés, puis
torréfiés, avant d'être pressés. L'huile ainsi
extraite est très prisée pour sa haute teneur en vitamine
E et acides gras essentiels. De couleur miel, avec un goût de noisette,
elle s'accorde à merveille avec les salades ou les crudités,
et relève agréablement légumes, poissons et autres
plats cuisinés. En huile cosmétique, elle est recommandée
en massage pour nourrir et adoucir les peaux sèches, fortifier et
régénérer les cheveux fragilisés, et stimuler
les échanges et l'oxygénation cellulaire. On lui prête
volontiers d'autres vertus, comme soulager les rhumatismes et les douleurs
articulaires, lutter contre la stérilité, et même stimuler
et développer la capacité cérébrale !
L'huile est commercialisée sous la marque Arganati, un label certifié par
l'autorité de contrôle France Qualité et déjà récompensé par
le Slow Food Award.
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Pour
Partir |
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SEJOURS
:
- Club Aventure organise un séjour
combiné « Randonnée et soins Thalasso » de 8 jours
(5 jours de marche, de niveau facile).
- Accord Thalassa propose un forfait
de 8 jours-7 nuits à l'hôtel Sofitel Thalassa Mogador, en chambre
double et demi-pension, avec 4 soins quotidiens de thalassothérapie.
HOTELS :
- Le Riad Al Madina, 9, rue Attarine,
44000 Essaouira.
- Le Sofitel Thalassa Mogador, av. Mohamed-V,
Essaouira.
TRANSPORT :
Vols quotidiens vers Marrakech :
- Royal Air Maroc, 38, av. de l'Opéra,
75002 Paris. Réservation et informations : 0820.821.821.
- Air France, 14 av. de l'Opéra,
75001 Paris. Tél. 0820.820.820.
FORMALITES :
Le passeport en cours de validité et encore valable 6 mois est exigé.
Aucun visa pour les ressortissants de l'Union européenne.
CLIMAT :
Le climat est sec et ensoleillé toute l'année. A Essaouira, la
présence de l'océan tempère les saisons et accroît
l'humidité de l'air.
SANTE :
Aucun vaccin n'est exigé. Une visite médicale est exigible pour
les soins de thalassothérapie.
LANGUES :
L'arabe, le français.
ARGENT ET CHANGE :
Le dirham. 1 dh = 0,10 euro. L'euro est facilement convertible et accepté,
comme les cartes de crédit, dans la plupart des établissements
(hôtels, restaurants...).
DECALAGE HORAIRE :
Moins 2 heures.
RENSEIGNEMENTS :
- Office de tourisme marocain,
161, rue Saint-Honoré, 75001 Paris. Tél. 01.42.60.63.50.
A LIRE :
- Le « Guide du routard », Maroc, Editions Hachette.
- « Maroc », éditions Guide de voyage Neos Michelin.
- « Essaouira », de Bruno Barbey, Editions du Chêne.
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Essaouira
en transe
Parce que voyager c'est aussi échanger des émotions,
la cité se transforme le temps du Festival
de musique Gnaoua en un feu d'artifice de couleurs, de musiques
et de saveurs.
Une fois l'an, les Gnaoua ouvrent en effet la porte de leur « zaouïa » (temple)
située à l'ouest des remparts. Issue d'une culture afro-maghrébine,
cette confrérie de musiciens-guérisseurs pratiquent une initiation, à la
fois musicale et mystique, dont les origines remonteraient au « grand maître » Sidi
Bilal, célèbre muezzin au lyrisme légendaire et premier
esclave affranchi par le prophète Mahomet.
La cérémonie rituelle, « lila » ou nuit de la guérison
- dont seule la dimension profane est révélée au public
du festival -, est transmise en musique et en danse bien que l'aspect mystique
y soit largement perceptible.
La célébration du rituel nommée « derdéba » est
dirigée par le « maalem » (maître) qui entraîne
son public vers une communion fraternelle en imposant graduellement des mélopées
rythmées et lancinantes, transpercées de temps à autre par
des envolées lyriques qui suscitent la transe subliminale.
Le maître invite alors des musiciens d'horizons variés sur des airs
de jazz ou de world music, pour composer ensemble une sublime fresque de fusions
musicales.
Plus qu'un échange lumineux entre les héritiers d'une tradition
séculaire et des artistes mondiaux, c'est une manière de sentir
et de partager. Ici, on vient célébrer l'ode de la fraternité et
conjuguer les différences en magnifiant l'harmonie universelle.
A l'heure du festival Gnaoua, Essaouira s'endort à l'aube au son des voix
lyriques, pour se réveiller aussitôt aux cris des mouettes. Rieuses.
Bruits de vent sur le sable, de vagues sur les remparts, soupirs, silences, Essaouira
est à elle seule un festival de consonances, de sourires et de sensations
sublimes.
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